Quoique la température fût encore très chaude, l’air
était délicieux à respirer, comme l’odeur d’une fourrure
qu’une femme vient de quitter. Une brise légère imprégnée,
on eût dit, de tous les parfums de la flore tropicale,
rafraîchissait le corps et l’esprit. Et, c’était, autour
de nous, un éblouissement. Le ciel, d’une translucidité de
grotte féerique, était d’un vert d’or, flammé de rose ; la
mer calme, d’un rythme puissant sous le souffle de la
mousson, s’étendait extraordinairement bleue, ornée, çà et
là, de grandes volutes smaragdines. Nous sentions
réellement, physiquement, comme une caresse d’amour,
l’approche des continents magiques, des pays de lumière où
la vie, un jour de mystère, avait poussé ses premiers
vagissements.